logo6b.png Les Thonthons Flingueurs !
 DSC02070-s.jpg thon_l-s.jpg thon_q-s.jpg thon_1-s.jpg thon_u-s.jpg DSC02180-s.jpg DSC02196-s.jpg coryph_4-s.jpg DSC02070-s.jpg Vous, qui pensez avoir déjà pratiqué la pêche sportive !
Vous, qui racontez avec arrogance vos souvenirs de batailles halieutiques affalé dans un fauteuil de combat avec votre boisson préférée dans une main et le système de treuillage qui vous sert de canne dans l'autre ! 
Vous, qui grâce à la bienveillance d'un skipper local bien avisé et ses moteurs surpuissants, avez ramenez au portique du camps de multiples marlins et espadons de tout poils !
 Venez défier le Yellow fin Tuna dans la mer d'Oman au sud de Muscat et vous trouverez le bonheur de revenir aux fondamentaux du fishing fight spirit et ainsi de combattre à arme égale avec le magnifique guerrier sous-marinier.
Faites respirer votre porte-monnaie avec des montages à 1€ qui autorisent tous les délires…
 Janvier 2007- Marina de Muscat -6h00- le soleil d'hiver n'est pas encore levé mais le Captain Saheem , une vieille connaissance, nous attends déjà à bord de son flamboyant bateau jaune ,une coque open de dix mètres équipé de deux moteurs de 200 cv . Pour avoir la chance d'attraper de gros poissons, il faut déjà en pêcher de plus petits ! (Proverbe omanais ou presque !) . Nous partons donc pour faire quelques appâts car le Yellow fin Tuna est un fin gourmet, il lui faut du beau et du frais! Et les maquereaux sont ses friandises préférées. En compagnie des pêcheurs locaux nos Sibiki 14 à plumes blanches ou nacrées descendent à plus de 100 mètres pour atteindre les bancs de poissons. À la remontée les grappes des maquereaux sont systématiquement chahuter par des petits barracudas ou des mini thons à dents de chiens (ces derniers, préparés à l'omanaise, sont savoureux). le vivier garnis d'une quarantaine de grassouillet maquereaux (200/300gr) le Captain Saheem décide que nous partions au large de Damonia ,les informations via le réseau des pêcheurs indiquent que c'est dans cette région que des groupes de dauphins ont été repéré.
Eh oui ! C'est maintenant qu'il faut préciser, à la surprise générale, et à l'inverse de tout les pays ou j'ai trempé mes poppers et autres Rapalas, ici, à Oman les dauphins sont les partenaires des pêcheurs (6mois de prison pour qui en pêche un, n'est ce pas Lionel !) car les gentils mammifères gazouilleurs s'associes aux chasses des thons pour dézinguer dans les grandes largeurs les bancs de maquereaux ou de sardines .Solidarité animale, ou exploitation d'une espèce part une autre ? C'est en s'installant dans ce champs de bataille que les pêcheurs équipés de leur vif armé ont la meilleur probabilité de capturer le fameux thon.
Pendant la navigation nous avons le bonheur de croiser une famille de paisibles cachalots fraîchement débarqués dans la zone pour se gaver de gros calamars de fond, puis furtivement nous apercevons l'aileron anthracite d'une frost killer whale, la fameuse baleine tueuse. En voyant ce prédateur suprême, les thons fond de l'huile et les dauphins apprennent à voler le plus longtemps possible.
Après avoir dépasser l'île de Damonia, Captain Saheem s'agite, il vient d'apercevoir sur l'horizon improbable le splash d'un dauphin que seul l'œil du marin peut capter. image_2.pngL'approche est rapide, le groupe est là, et quel groupe ! Au moins un millier de joyeux cétacés, des gros, des petits des familles, certains sautent, d'autres font des vrilles, tels des gymnastes protéïnés . En escouades et répondant à un signal codé, ils accélèrent ou virent de concert, en frappant l'eau de leur queue quand ils rentrent en apnée. Toutes ces cabrioles ne sont pas innocentes, elles ont pour vertus de canaliser les bancs de maquereaux et ainsi conserver le garde manger bien serré dans les rails invisibles. Puis rapidement dans l'écume du ballet nous distinguons les silhouettes bombées des thons ; mouvement raide au reflet d'acier inox poli. Le Captain est concentré, il se focalise sur un groupe et nous remontons la tribu pour se placer en amont. Moteur arrêté, l'action est lancée.
Le matériel ; pour Lionel une fidèle canne à jigger Gippang de 80 lbs armée d'un complice moulinet Daiwa Saltiga 6000, pour moi une belle panoplie bleue Daiwa- Saltiga. Pour chacun 300 m de tresse Sufix de 80 lbs , un bas de ligne mono filament de 15/10 extra souple monté sans émerillon sur la tresse, mais avec le fameux désormais nœud japonais à spires compensatrices, et pour finir un hameçon Mustad Demon 6/0 extra renforcé ( décliné en 4/0 pour armé les sardines), monté libre comme Lionel aime le sentir vivre avec l'appât !
Nous choisissons avec soins nos maquereaux et les piquons par les narines pour les installer sur la ligne, puis nous les déposons dans le bouillon. Pick-up ouvert les maquereaux, pensant sans doute retrouver un semblant de liberté, s'échappent rapidement .Ce sentiment se traduit rapidement en stress intense, on peu le sentir du bout du doigt, surtout quand on voit arriver la horde sauvage. Les premiers dauphins glissent déjà autour du bateau et c'est Lionel qui établit le contact avec l'autre monde, stabilisant ces appuis, déjà en apnée, il se remet de la secousse ferme mais appuyée. Le Saltiga miaule, les mètres défilent, le poisson sonde avec force, le combat est engagé .Je replie rapidement ma ligne, car l'action se passant 200 m à l'aplomb du bateau ,il est impossible d'envisager des prises en simultanée sans risquer le tricotage des lignes et ainsi provoquer la rupture de l'action .
Les premières quinze minutes consistent uniquement à maintenir la pression, arc bouté au plat bord du bateau l'effort est intense, Lionel essaye part tout les moyens de soulager ses appuis mais le monstre marin profite des moindres mouvements désordonnés pour accentuer sa puissance. Afin de limiter les hectomètres de tresse qui s'échappent, le frein est monté aux limites du raisonnable (le raisonnable étant ne pas passer par-dessus bord !) .Le Captain Saheem exalte, il sait déjà que s'est un Big Fish et qu'un (trop) long combat est engagé, nous désignant l'éponge du K.O au fond du seau !
Je prend le relais et me retrouve instantanément confronté à la force brutale ; les muscles des bras et des jambes rentrent en fusion, puis se sont les vertèbres qui commencent une à une à se dégrafer telle une vulgaire boutonnière de pantalon après un repas de famille .Chaque mètre est péniblement gagné sur la bête, la courbure de la Gippang exprime la tension extrême de l'effort. Les mains sont tétanisées, les yeux exorbités ne fixant plus que la bobine de fil, comptant les tours de manivelle, les relais deviennent de plus en plus fréquents. Pour trouver les meilleurs angles de défense, nous essayons toute les positions possibles sur le bateau, même assis sur le plancher, en vain le poisson reste maître. Le pompage à quatre mains se révèle indispensable pour contre attaquer le monstre chauve.
Une heure d'effort est déjà passé, c'est Isabelle qui tient le chrono et nous encourage .C'est Lionel qui regrette presque de ne pas avoir pris son lunch box, mais trop de souffrance pour lâcher maintenant. C'est le Captain Saheem qui sourit en nous disant que le poisson est fatigué .Sacré farceur !
Par deux fois nous remontons le bestiau jusqu'à une vingtaine de mètre, il est alors accompagné de deux ou trois petits requins pointe blanche qui font la ronde. A chaque fois nous sommes persuader d'être au bout du calvaire, mais c'est mal connaître l'animal qui profite alors de ce moment d'euphorie relative pour retourner vers les abysses. Nos regards se croisent, les visages grimaçant sous la douleur, nous partageons notre impuissance à gérer lucidement cet effort inconnu. Quelle folie ! La Gippang est pliée de douleur depuis plus d'1H20, mais n'agonise pas encore.
La souffrance est visible, mais doucement la ligne remonte .Puis à une trentaine de mètre , le guerrier change de stratégie, il décide de tourner autour du bateau et nous l'accompagnons, pliés en deux, les genoux fléchis , la valse est disgracieuse. Enfin nous apercevons clairement la robe argentée de la bête, fantastique, énorme. Mais l'excitation ne doit pas nous faire perdre notre concentration, lâcher la pression, frotter la tresse sur le plat bord et l'issue peut nous être fatale.
L'arbitre Isabelle, pas totalement neutre, indique une heure et demi de combat. La tension maîtrisée je m'installe à la proue, le Captain Saheem, le geste assuré, saisi le bas de ligne. Le gaffage est net et six bras (4 étant des spaghettis trop cuits !) sont maintenant nécessaires pour hisser à bord les 75 kg du valeureux chevalier bleu nacré aux éclatantes pépites dorées alignées en chapelet sur la caudale, le fameux Yellow fin Tuna !
Après la fatigue, le sentiment d'avoir réussi un combat à la limite du déraisonnable et de défi extrême avec ce type de matériel, apporte un grand moment de plénitude. La puissance du thon restera gravée dans nos mémoires de pêcheurs. Qu'aurions nous fait, sachant que des individus de 100 ou 120 kgs patrouillent aussi dans ces mêmes bancs ? Nous n'osons même pas y penser !
Les dauphins poursuivants leurs gourmandises sont maintenant très loin. Sur le chemin du retour quelques Maï-Maï colorés viennent embrassés goulûment les appétissant maquereaux délicatement présentés par Isabelle (et non l'inverse !).
Par un saut fantastique, un Kingfish (thazard) nous salue de toute sa hauteur ; la journée étant bien remplie, le rendez-vous est pris pour le lendemain. 
18h30- le soleil vient de se coucher, nous rentrons dans la Marina de Muscat et déjà Mohamed Jahwari ,le propriétaire du bateau jaune et de Nomad Tours, un furieux passionné de pêche et Patrick Lee, le manager de Nomad Tours, nous attendent pour le débriefing de la journée . Après la pesée officielle, la légendaire hospitalité des Omanais prend tout son sens autour de quelques steaks de thon bien grillés. C'est toute la magie d'Oman ! Pays de Simbad le marin et du Captain Saheem